L’art doit être fait pour aider chacun à atteindre un petit bout de bonheur. Quelque soit la forme de cet art, il doit permettre d’oublier un petit peu du quotidien, de s’évader de ses petits tracas.
L’art doit aussi avoir un rôle émancipateur pour un citoyen, c’est aussi un moyen d’expression.
C’est pour ces raisons que tout ce qu’on entend sur les droits d’auteur, la judiciarisation de l’art, c’est-à-dire tous les textes de loi qu’on peut écrire pour, soi-disant, protéger l’art me dérange.
Surtout que ceux qu’on entend le plus sont soient les industriels de l’art (ceux qui ne créent pas, mais qui profitent à grande échelle de la manne financière générée par l’art) soient des groupement d’artistes connus et reconnus, qui ont déjà bien profité du système en gagnant beaucoup d’argent. Je comprends leur inquiétude. Pour les premiers, ils voient leurs bénéfices qui ne sont pas à la hauteur de ce qu’ils voudraient. Pour les seconds, ils voudraient pouvoir engranger encore plus d’argent puisque ça a bien marché jusque là, pourquoi ça changerait ?
La question est donc, pourquoi fait-on de l’art, de la musique, de la photographie, etc… ? Le but est il de faire un maximum d’argent ou y-a-t-il autre chose ?
Lorsqu’on crée, ça doit être d’abord pour se faire plaisir. L’art ne doit pas être, à mon avis, « alimentaire ». Ensuite, ce qui doit nous pousser, c’est le partage. Quand on est content de soi, de sa création, on veut en faire profiter un maximum de gens. Quel plus grand plaisir que lorsqu’on a composé une chanson, des milliers voire des millions de gens l’écoutent et l’aiment ? Que lorsqu’on a fait une belle photo, de la voir en fond d’écran sur les ordinateurs de milliers de personnes ?
Pour moi, l’art sous toute ses forme devrait être gratuit (ou à un montant symbolique), accessible à tous sans contrainte. Il devrait être diffusable sans limite pour la musique, dupliquable à volonté pour la peinture ou la photo. L’art doit être un vecteur d’émancipation y compris pour ceux qui « profitent » de l’art, les spectateurs, les auditeurs, … Il ne doit plus être le symbole de la fracture sociale : que seuls ceux qui aient les moyens puissent écouter de la musique, aller au théâtre ou au cinéma, visiter des musées ou des expositions, ça doit être accessible à tous.
Alors évidemment vient le problème du financement. Pour créer, il faut de l’argent. Et bien, je n’aurais qu’un seul mot : mécénat.
On parle beaucoup de responsabilisation des consommateurs. Là c’est typiquement le cas où il faut l’appliquer. Quand on aime un chanteur, un artiste quel qu’il soit, il faut l’encourager si on veut qu’il continue à créer. Chacun en fonction de ses moyens, de ses motivations.
Par exemple, une grande star, qui a déjà fait beaucoup d’argent avec une de ses oeuvres, ça ne me dérangerait pas de ne pas payer même si j’aime car j’estimerais qu’il a déjà gagné assez. L’argent que j’aurais pu y mettre je le mettrais plutôt chez un autre artiste moins connu que j’aimerais peut-être moins mais que j’aurais envie d’encourager. Du coup chacun est libre d’appliquer ses convictions, ses principes, en lien, ou pas, avec ses gouts.
Après, cette notion est à décliner et à adapter en fonction des arts.
Par exemple, le cinéma. Faire payer pour voir un film dans une salle de cinéma, je suis d’accord, car il faut bien payer les infrastructures, et il y a un « plus » : le grand écran, et le système audio. Puis faire un film coute de l’argent, même parfois beaucoup. Mais une fois le film hors des salles obscures, il doit devenir la propriété de tous ou du moins accessible à tous à moindre cout.
En conclusion, je dirai donc qu’il faut sortir l’art du fonctionnement du marché. Ce n’est pas un bien de consommation comme un autre. Il doit être accessible au plus grand nombre, et pour cette raison, son prix ne doit pas être un obstacle à son accès. Ca doit passer par la responsabilisation des amateurs d’art, chacun à son niveau, on doit aller vers une « mécénaisation ».
Je suis bien conscient que cette proposition peut paraitre révolutionnaire, surtout dans l’état d’esprit de monétarisation de tout dans lequel nous sommes aujourd’hui, mais faire de l’argent sur l’art en en limitant l’accès est pour moi une aberration aussi bien pour les artistes que pour les amateurs d’art.
Question épineuse.
Pour ma part, je dirais qu’au lieu de sortir l’art d’un marché (que je pense actuellement impossible), il faut "conscientisé" ce marché en gardant à l’idée que l’art n’est pas un produit comme un autre. Par contre, je ne sais pas si un cadre légal peut suffir à encadrer cette "morale" artistique…
Si je puis me permettre, je ferais tout de même une différence entre la musique, litterature et cinéma, plutôt grand public, et les autres formes artistiques (peinture, dessins, photos, conceptualisation visuelle,..)qui me semblent plus limités en terme de public (à mon grand regret).
Et quel type de mécenat (public, privé?) et comment juger les artistes qui seront sélectionnés pour ce mécénat? Trouverons nous encore des mécènes tels que Laurent le Magnifique?
Je n’apporte pas de réponses, juste d’autres questions.