Récemment un ami me demandait comment s’engager pour que ça serve à quelque chose. Visiblement toutes les réponses que j’ai tenté de lui apporter ne lui ont pas convenu. Je vais donc tenter ici de lui apporter une réponse plus structurée même si elle sera trop générale pour lui convenir !
Tout d’abord, il s’agit d’abord d’une question de personnalité. A-t-on envie de faire évoluer les choses, a-t-on envie d’améliorer la qualité de vie de nos concitoyens ? La question peut paraître bizarre mais elle est importante. Si notre voisin ne nous intéresse pas, si on estime que sa vie ne concerne que lui, alors il est inutile de vouloir s’intéresser aux autres. Une sorte de droit d’ingérence. Ca peut paraître extrêmement prétentieux, et ça l’est, mais c’est par cette force qu’on peut faire évoluer quelque chose. En même temps, il faut pouvoir en tirer quelque chose à titre personnel. A part d’être d’un altruisme total comme l’abbé Pierre ou un super héros qui n’existe que dans les films américains, il faut en retirer un « bénéfice » personnel, sinon cette volonté s’effrite et perd de sa force. Ce bénéfice peut être juste des compliments, des félicitations, une forme de reconnaissance quelconque mais qui doit exister.
L’ambition, la volonté d’exister, peut être aussi ce bénéfice. Bien sûr, il faut que ça soit équilibré et qu’aucun des deux aspects ne soit disproportionné par rapport à l’autre.
après la personnalité, il y a le savoir, la connaissance qu’il faut approfondir pour acquérir une conviction, pour tenir un argumentaire. D’abord il faut choisir le thème, le sujet qui portera notre volonté. Ca peut être général (on parle de « politique » c’est-à-dire touche tous les sujets, car en politique on doit avoir un avis sur tout) ou plus particulier pour sensibiliser nos concitoyens sur un élément précis. En général le thème choisi apparaît comme une évidence : qu’est ce qui nous révolte, qu’est-ce qui nous choque, quel sujet nous tient à coeur ?
Après il faut approfondir pour tenter de devenir un expert ou tout du moins un amateur éclairé et prendre confiance en soi. Il s’agit d’acquérir une conviction. Une conviction est beaucoup plus forte qu’une idée. C’est une idée qui est encrée au fond de soi, qui apparaît comme incontestable, qui a presque la force d’une évidence. Elle prend ce statut après une réflexion intense, des apres discussions… De plus, pour convaincre autour de soi, il faut savoir, savoir répondre, montrer que l’on maitrise le sujet. D’ailleurs, il faut parler autour de soi, discuter, c’est ainsi qu’on confronte ses idées, qu’on les éprouve.
Le passage se fait naturellement entre la phase d’ « apprentissage » à celui l’appropriation et de la conviction.
Enfin, on explique, on tente de convaincre et on approfondit car une conviction doit toujours évoluer pour perdurer, elle doit se nourrir du quotidien, des évolutions de pensée, surtout à une époque où plus rien n’est figé, surtout pas les idées soumises à l’opportunisme ou à la confrontation mondialisée. C’est aussi pour ça que la force de conviction est vitale pour garder de la cohérence et une base sur laquelle s’appuyer pour ne pas perdre ses repères.
Il ne faut surtout pas hésiter à aller à la confrontation. C’est lors d’une mise à l’épreuve qu’on se rend compte des faiblesses et des forces de ses convictions, et qu’on a l’opportunité de conforter ces dernières. Si jamais ça ne les conforte pas, c’est qu’il faut approfondir la réflexion. Et oui, la réflexion n’est jamais terminée, c’est une remise en cause permanente. C’est aussi ce qui fait sa richesse.
Aujourd’hui, comme toujours, il faut se battre pour ce que l’on croit. C’est plus facile qu’autrefois, on a le droit, on ne risque plus la prison pour s’être exprimé, et la technique permet de s’adresser à tout le monde : internet, forums, blogs, télévision, radio… C’est donc plus qu’autrefois un devoir pour chacun de nous de se battre pour ses convictions.
Je ne sais pas si j’ai répondu à la question de mon ami, mais le connaissant, il y a fort à parier qu’il ne soit pas satisfait de cette réponse, d’autant que je me suis contenté de la partie intellectuelle, sans aborder la partie sur l’action, le concret sur le terrain, mais c’est une autre partie du sujet…
Tu sais très bien que ton ami n’est jamais réellement satisfait. On va dire que c’est une qualité…
Sinon, merci d’avoir écrit en parti cela pour lui : en matière de réflexion, il aime les écrits bien plus que les paroles.