Comme beaucoup, je suis aujourd’hui sous le choc des évènements de vendredi. Vendredi soir et samedi matin, nous restions scotchés devant la télé, avec les infos en boucle en espérant apprendre de nouvelles choses, mais aussi en ayant l’impression d’être en communion avec le reste du monde sur ces évènements qui se sont passés chez nous mais qui sont très vites devenus planétaires.
Ces évènements, qui ont soulevé une vague de solidarité internationale ont tout de même sur moi un retentissement différent que celui de l’attentat de Charly. Pourtant je crains que les amalgames auront encore la peau dure et surtout que ce sont encore nos libertés qui vont trinquer… Voila tout ce que je vais aborder dans cet article…
Une solidarité internationale
J’ai été très touché par les marques d’attention qui nous sont parvenus depuis les quatre coins du monde : les monuments illuminés aux couleurs du drapeau français, les hommages des dirigeants occidentaux. En assistant à ça, nous avons vraiment l’impression d’appartenir à la même civilisation, aux mêmes valeurs, à la même communauté de nation. Ces hommages sont-ils si nombreux parce que ça touche Paris, une ville aux mille symboles, la ville des lumières, des droits de l’Homme, de la culture ? Il n’y a pas un tel élan d’hommage lors d’attentats au Liban, en Israël… sans doute est-ce aussi le cas parce que c’est moins « habituel »…. Pourvu que ça dure.
On se sent également en communion avec nos compatriotes. Comme pour Charly, on se sent touchés, aggressés, en touchant des innocents, on s’attaque à toute la nation, à tous les symboles de la nation. Du coup, on a l’impression d’être aggressé chacun personnellement. C’est ça qui fait l’unité nationale, on se raccroche à nos valeurs que parfois on oublie alors qu’ils sont affichés sur tous nos bâtiments publics.
Après les attentats de Charly
Malgré tout, paradoxalement, ces attentats me touchent moins que celui de Charly. L’attaque de Charly concernait des journalistes, des dessinateurs qui s’étaient engagés, ce n’était pas tout le monde, ils étaient déjà menacés, ils savaient qu’ils courraient des risques. Ils sont morts car ils n’ont jamais cédé sur leur combat, ils n’ont jamais cédé aux menaces. Ils l’ont payé de leur vie. Sans doute du fait des mes engagements (multiples et variés et pas aussi « dangereux » que les leurs), ceci me touche tout particulièrement. En plus, j’en connaissais quelques uns (pas personnellement bien sûr) : Cabu, Wolinski, BernardMaris. Des gens que j’appréciais et que j’écoutais ou lisais. Je ne connais aucune victime des attentats de vendredi, ce qui en fait des anonymes, je me sens donc moins impliqué. C’est aussi la deuxième fois en moins d’un an, y aurait-il une forme d’habitude ? peut-être. Une forme de fatalisme également. Ca peut frapper, n’importe où, n’importe comment, on ne peut rien y faire. Plutôt que de sombrer dans la paranoïa, ne vaut-il pas mieux être fataliste ?
Peur des amalgames
Maintenant, ma première crainte est celle de l’amalgame. On peut lire ici ou là qu’il faut que les musulmans condamnent ces attentats. Peut-être… Mais pour moi, l’important n’est pas là. Ces amalgames témoignent surtout d’une méconnaissance de la religion musulmane qui est une religion d’amour et de tolérance. Pour preuve ces écrits tirés du Coran et qui font le tour des réseaux sociaux depuis vendredi :
Voilà l’Islam que je connais, celui que je fréquente dans mon quartier et qui finalement n’est pas si éloigné des valeurs de mon catholicisme.
Laissons les musulmans tranquilles et prenons les terroristes pour ce qu’ils sont : des fous!
Touche pas à mes libertés
Mais maintenant, ma plus grosse inquiétude : les attentats ont provoqué la peur et il va donc y avoir des mesures liberticides, Vincent Desportes, général de l’armée de terre a déjà prévenu «Les Français vont devoir sacrifier des libertés individuelles». Et bien ces fous ont gagné, à cause d’eux, nous aurons moins de liberté. Cette réaction est la mauvaise, au contraire, donnons davantage de libertés, refusons de nous faire enfermer dans la peur.
Benjamin Franklin disait « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. ». Je suis totalement en phase avec cette réflexion.
La liberté fait partie de nous, la limiter c’est perdre notre âme, renoncer à notre histoire. Certains se sont battus pour cette liberté, nous ne devons pas y renoncer volontairement. Certains demandent déjà un « patriot act » à la française.
non non et non !
Je paraphraserais le célèbre adage de Churchill sur la culture et l’effort de guerre, diminuer les libertés pour davantage de sécurité, mais alors « Pourquoi nous battons nous ? » si nous avons déjà renoncé à une partie de nos libertés…
Enfin, et pour terminer, je mets cette chanson que je trouve de circonstance et qui m’émeut toujours autant….
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