En ce moment on parle de plus en plus des indignés, en référence au livre de Stéphane Hessel et au mouvement populaire espagnol « los indignos ». Ce mouvement assez étrange et en même temps compréhensible par la situation économique du pays, ne veut pas renverser le gouvernement, ne veut pas tout casser, il veut juste « tout changer » !
Voilà qui est très intéressant et même revigorant. Les revendications sont davantage de démocratie, moins de pouvoir entre les mains de l’économie, remettre l’Homme au centre des préoccupations des gouvernements, refaire de l’intérêt général la priorité des dirigeants politiques.
Ce mouvement commence à gagner la France ( http://www.reelledemocratie.fr/ ) je vais donc en profiter pour dire ce que moi j’attends de mes gouvernants, les mesures qu’il faudrait prendre, une sorte de liste à la prévers de ce que je pense qu’il faudrait faire pour que le monde tourne mieux. Les thèmes n’ont rien à voir les uns avec les autres, mais ceci est issu des réflexions que je mène depuis des années, ou des propositions que j’ai entendues ici ou là qui m’ont parues pertinentes. Elles concernent aussi bien le monde économique (et de l’entreprise), culturel, de la communication, du numérique bien entendu, de la démocratie, …
monde de l’entreprise
- donner un réel pouvoir aux salariés et pas uniquement aux actionnaires afin que les entreprises ne fonctionnent plus qu’exclusivement à court terme mais à moyen et long terme
- qu’une agence de notation prenne en compte pas uniquement la santé financière d’une entreprise mais aussi sa santé sociale et son positionnement environnemental : l’ambiance sociale, la santé de ses salariés, les conditions sociales et de travail, sa situation environnementale, etc
- le développement de la coopération en entreprise, les coopératives : http://www.framablog.org/index.php/post/2011/02/05/cooperative-cooperation
La communication/l’information
Internet
- garantir la neutralité du net : séparer les tuyaux des contenus, ainsi un fournisseur d’accès internet ou un opérateur téléphonique ne pourrait être en même temps un fournisseur de contenu, sinon il est impossible qu’il reste neutre dans l’utilisation de son réseau (un peu à l’image de Réseau Ferré de France vis à vis de la SNCF mais avec une séparation plus « forcée »). Ceci doit permettre l’innovation sur internet (avec les startup par exemple) sans que les opérateurs téléphoniques ou les fournisseurs d’accès ne bloquent leur réseau à leur propre usage. Toutes les autres propositions concernant internet en découlent directement.
- garantir la liberté d’expression : évidemment, ceci ne concerne pas uniquement internet, mais c’est surtout visible et utile sur internet. Aujourd’hui grâce aux blogs, réseaux sociaux, sites, forums, etc… il est possible à chacun de s’exprimer, de donner son avis sur à peu près tout. Il ne faut pas bloquer tout ça (en remettant en cause l’anonymat par exemple ou en voulant « réguler » (certains disent « civiliser », hum…) l’utilisation des vidéos (comme en Italie où Berlusconi voit dans des sites à la Dailymotion des concurrents à son monopole sur la télévision nationale), etc…). Ceci va de pairs avec un apprentissage, une éducation : il faut apprendre dès le plus jeune âge à faire la part des choses, à développer son esprit critique : ce n’est pas parce que c’est écrit sur Internet que c’est vrai ! Je reviendrai sur la liberté d’expression quand je parlerai de la presse.
le numérique
- l’Etat doit être indépendant de toute société commerciale : elle doit donc utiliser des logiciels libres et des formats ouverts. de même que chaque citoyen doit être sensibilisé à ces « contraintes » des logiciels privateurs. L’Etat, puisqu’il est financé par les deniers publiques, comme les collectivités locales, doivent « donner » gratuitement toutes les informations qu’elles utilisent, qu’elles ont glanées ou générées à tout le monde. (opendata)
- Education : l’informatique et internet sont présents dès le plus jeune age maintenant, une véritable éducation doit être faite dès la maternelle (voire même dès la crèche!) sur tous ces sujets : les risques d’internet, l’esprit critique, l’usage des logiciels ( et pas uniquement d’UN logiciel mais montrer que pour faire la même chose il existe plusieurs logiciels et pas un seul qui est l’apanage d’une société commerciale), qu’on ne met pas n’importe quoi sur internet sans avoir conscience des conséquences que cela peut avoir (sur autrui mais aussi sur soi-même peut-être même des années plus tard…)
- Brevets logiciels : interdire tout brevet logiciel qui bloque l’innovation dans le domaine de l’informatique (il n’y a qu’à voir ce qui se passe aux Etats-Unis où aucune innovation ne peut être faite à moins d’avoir les moyens de se battre à coup de procès contre les multinationales qui ont les moyens de poser des brevets et de payer les avocats pour les défendre. Une petite entreprise n’a plus qu’à espérer que son innovation reste discrète sinon elle sera bouffée par les multinationales à la Google/Microsoft/Apple. Un très bon article sur ce sujet : http://www.framablog.org/index.php/post/2011/05/18/absurdite-des-brevets ). Pour les brevets « non » logiciels, j’aurai envie de bloquer leur durée de vie à 2 ans afin que la société commerciale rentre dans ses frais de recherche mais que si elle n’exploite pas son brevet, qu’elle ne bloque pas trop longtemps d’autres société à le faire.
la presse
La presse et les médias en général doivent être indépendants, (du moins les « sérieux », je ne parle pas des tabloïds ou autres journaux à scandales) ils ne doivent pas dépendre d’actionnaires ou de politiques, sauf à ce que cela soit clairement affiché (après tout un journal doit pouvoir être affilié à un parti politique, tant que cela soit clair pour les lecteurs, ou encore affilié à une grande entreprise dans les mêmes conditions)
Il faudrait favoriser, inciter des sortes de coopératives de presses, c’est-à-dire que les propriétaires soient les journalistes eux-mêmes, ou encore que les actionnaires soient tellement « dilués » qu’ils ne pourraient avoir aucune influence sur la ligne éditoriale. Ceci pourrait se faire par une participation financière citoyenne à ces médias.
la culture
La culture ne devrait pas être considérée comme un bien de consommation comme un autre : il participe au développement, à l’éducation, à l’émancipation, à l’épanouissement de l’être humain. Chaque créateur de « bien » culturel devrait avoir comme volonté, que son oeuvre puisse être connue (ou diffusée) au plus grand nombre et que l’aspect financier ne devrait pas rentrer en ligne de compte. Alors bien-sûr, l’artiste doit pouvoir vivre de son art. J’y reviendrais dans l’article sur le revenu de vie. Il est vrai que certains « arts » sont coûteux et nécessitent beaucoup d’argent pour être produit (essentiellement dans le cinéma pour les films à hauts budgets) mais en général, pour profiter pleinement de genre d’art, cela nécessite d’aller dans une salle adaptée pour cela, et l’on paye déjà sa place de cinéma (d’ailleurs le cinéma se porte pas mal du tout en France)
Bref, la culture devrait être librement diffusable à tout un chacun, quelle qu’elle soit, une sorte de licence creative commons BY-NC. (on doit indiquer qui en est l’auteur, et peut l’utiliser tant qu’on en retire pas des bénéfices commerciaux : http://fr.creativecommons.org/contrats.htm ) d’ailleurs ceci devrait être la licence « par défaut » et non pas le copyright à la SACEM tellement restrictif que même les artistes se sentent lésés ( à part les plus gros créateur qui arrivent à en vivre mais qui doivent se compter sur les doigts d’une main)
la démocratie
La démocratie doit redevenir le coeur de notre société. Aujourd’hui on a l’impression ( et est-ce qu’une impression?) que le pouvoir est subtilisé par le pouvoir économique et que nos politiques ne sont que des pantins obéissants aux lobbies économiques de toute nature).
le retour à l’intérêt général
C’est, d’après ce que je lis, la demande « principale » des mouvements que l’on peut voir en ce moment en Espagne et qui commence à germer un peu partout en Europe. Il y en a marre de se sentir au service du pouvoir économique dans le seul intérêt des multinationales qui s’enrichissent de plus en plus au détriment des êtres humains.
Il faut donc que le pouvoir redevienne démocratique, c’est-à-dire à la main des citoyens (par l’intermédiaire des politiques) mais sans avoir de compte à rendre au pouvoir économique : si une mesure est bonne pour l’intérêt général, et bien tant pis pour le pouvoir économique. Un exemple concret : la culture dont le parlais dans le paragraphe précédent. Pour le bien des multinationales du divertissement, le gouvernement français a créé la loi HADOPI au détriment de l’intérêt général qui devrait être la diffusion des oeuvres numériques au plus grand nombre. Le prétexte est la rémunération des artistes. Or, la preuve a été faite depuis, que ceci n’a en rien aidé la rémunération des artistes, puisque ce sujet n’a même pas été abordé dans le contenu de cette loi, mais qu’elle a été faite uniquement pour faire plaisir aux majors du disque qui sentent avec l’avènement d’internet, le pouvoir de décision sur la culture musicale leur échapper. Et bien tant mieux pour la culture si les artistes n’ont plus besoin d’intermédiaires qui se sucrent abondamment sur leur dos pour produire de la musique, et qu’ils sont en contact direct avec leur public qui le leur rendent bien!
Suppression des pouvoirs du président de la république et de son élection au suffrage universel
La personnalisation du pouvoir est une mauvaise chose à mon avis. Je crois beaucoup plus dans les assemblées, dans des choix collectifs. C’est pour cette raison que j’ai voté contre le quinquennat et que j’en ai voulu à Jospin, alors premier ministre, pour l’inversion du calendrier entre les élection présidentielles et législatives.
référendum d’initiative populaire
Il faudrait que les citoyens puissent se saisir des sujets qui les concernent et qu’ils puissent les soumettre au reste de la population.
démocratie participative
- Il faudrait faire un devoir d’information, d’explication de la démocratie représentative envers les électeurs, et pas uniquement au moment des campagnes électorales.
- grâce à internet et au numérique, il est aujourd’hui possible d’impliquer beaucoup plus les citoyens dans les décisions qui impactent la vie de la cité. Je vous incite à voir une vidéo dont j’ai déjà parlé dans cet article.
la solidarité
La solidarité doit être un mode de vie, une méthode de société, elle doit donc guider nos pas pour « ne laisser personne sur le bord du chemin »
le revenu de vie
Cela fait plusieurs année que j’entends parler de cette proposition. Elle émane d’ailleurs de tous les bords politiques, ce qui m’a incité à m’y intéresser : pourquoi ne pas donner à chacun, dès l’instant de sa naissance, jusqu’à celui de sa mort, un revenu permanent, cumulables avec les revenus de l’emploi qui permettrait à cette personne de (sur)vivre. Ceci permettrait de supprimer toutes les aides sociales (qui seraient donc concentrées dans ce revenu). Ceci aurait comme avantage de permettre à tous ceux qui ont une activité pas directement rémunératrice pour eux (mais utile à la société comme les artistes, les philosophes, des politiques qui ne sont pas au pouvoir, etc…) de pouvoir vivre sans avoir à s’inquiéter de leur moyen de subsistance. Ceci permettrait à chacun de s’occuper non plus pour vivre, mais pour faire quelque chose qui l’intéresse, et qui sait, peut-être que ça pourra être utile à la société. Ceci aurait le gros avantage de sortir de cette société ou l’argent décide de tout sans qu’aucune autre contingence ne soit prise en compte. Voici un article très intéressant sur le sujet : http://blog.rom1v.com/2011/02/dividende-universel-un-enjeu-majeur-de-societe/
En voici un autre, un des premiers qui m’a sensibilisé au sujet : http://www.framablog.org/index.php/post/2009/05/04/appel-pour-le-revenu-de-vie
Mixité sociale
Je crois en la mixité sociale pour lutter contre la plupart de maux de notre société, dans le désordre : la haine de l’autre, la crainte de la solidarité (qu’on requalifie en assistanat pour mieux la dénigrer), l’échec scolaire, la ghettoïsation, l’insécurité (la crainte pour son intégrité physique, mais aussi économique)…
La mixité sociale, par le logement en premier lieu, permet au gens de catégories sociales et ethniques différentes de vivre ensemble, et donc de se connaître. Quand on se connaît, on a moins peur, car c’est l’inconnu qui fait peur la plupart du temps.
Cette mixité sociale par le logement permet évidemment de lutter contre la ghettoïsation :des gens avec des revenus différents, avec des centres d’intérêts différents permettent d’avoir une offre diversifiée en culture, commerce, services publiques, etc… et qui dit offre diversifiée, dit ouverture culturelle, et donc on connaît encore mieux l’autre, et donc il nous fait moins peur.
Cette mixité sociale arrive aussi à l’école : on ne concentre plus les élèves à difficulté dans les mêmes écoles (car souvent pauvreté va de pair avec échec scolaire), mais dans les mêmes classes on a des élèves de tout niveau, ce qui permet aux enseignants d’aider davantage ceux ayant des difficultés car ils seraient moins nombreux par classe. Ceci permet aussi d’inciter à la solidarité, les élèves ayant le plus de facilités pouvant aider ceux ayant des difficultés.
Ensuite, la mixité sociale implique moins de quartiers difficiles, donc moins d’insécurité, moins de délinquance car moins d’échec scolaire et moins de concentration de personnes à problèmes. Moins d’échec scolaire implique donc moins de chômage aussi puisque le principal atout contre le chômage reste les diplômes.
Il n’y a donc que des avantages à la mixité sociale… Ceux qui y voient que des inconvénients ce sont les ghettos de riches qui ne veulent pas se frotter à moins riches qu’eux, ou bien les politiques de gauche ou d’extrême gauche qui voient en ces populations difficiles une manne électorale quasi soumise. Mais attention cette manne électorale est en train de se transformer en électorat Front National. D’ailleurs je crois que la municipalité de Nanterre l’a compris, puisque maintenant elle développe beaucoup la mixité sociale dans les nouvelles constructions d’habitation. Il faudrait maintenant une vraie politique volontariste pour dé-ghettoïser quelques quartiers de Nanterre. Mais vue l’ampleur de la tâche, même avec du volontarisme politique, ceci prendrait de nombreuses années, voire des décennies.
Conclusion
Voici donc en vrac, et de manière non exhaustive ce que je voudrai changer. Ceci a été écrit en deux heures, d’où le non développement des sujets qu mériteraient chacun un article spécifique. Peut-être que dans les commentaires, j’en ajouterai au fur et à mesure que ça me viendra. Je vous promets que le jour où je me présente à l’élection présidentielle, mon programme sera beaucoup construit !
Tu as fumé la moquette du salon pour nous pondre ce genre d’inepties, il faut se soigner mon gars avant que ton cas ne s’aggrave.
Voilà ce qu’on appelle un commentaire argumenté. Merci de votre contribution.
Pas mal, ça me va pas mal.
J’ajouterai quelques points sur la rationnalisation des dérives de la « propriété intellectuelle » (portefeuille de brevets, brevetage du vivant, …), l’éradication des lois liberticide sur l’utilisation des semences et autres végétaux et une revalorisation de la culture paysanne.