L’Europe et les peuples

Je ne parlerai que de l’Europe, sujet qui me tient à coeur et au combien sensible depuis 2005.

Il faut se mettre en tête que l’europe n’est pas l’europe des peuples mais l’europe des nations. Ca a été construit comme ça, car ça a toujours été des négociations entre pays. Ca deviendra l’europe des peuples le jour où tous les votes se feront le même jour dans tous les pays, le jour où le parlement européen décidera des politiques européennes, bref, lorsque la politique européenne sera indépendante des politiques nationales et des élus nationaux.

Je n’ai pas l’impression que c’est la volonté des nations européennes, aussi bien de dirigeants que des peuples. Chacun souhaite garder ses spécificités nationales, ce que je peux comprendre. Bref, personne n’est prêt pour une Europe des peuples.

Par conséquent si on veut une europe des peuples, il faut repartir de zéro et que les peuples le veuillent. Je pense que ça risque de prendre quelques décénnies, a-t-on le temps face aux grandes économies mondiales ? Et même, est-ce souhaitable ?

Tout le problème à mon avis vient du fait qu’on essaye de faire une Europe des deux manières en même temps, celle des peuples et celle des nations. D’un coté les dirigeants des pays (élus démocratiquement je le rappelle) négocient et de l’autre ça doit être validé par les peuples. En tant que démocrate, je ne me permettrai pas de remettre en cause la légitimité de ces dirigeants. Pourquoi faut-il alors une « validation » des peuples ?

J’ai voté oui en 2005, et si c’était à refaire, je le referai. Le problème de l’Europe aujourd’hui est qu’elle est bloquée, on est 27 et le vote à l’unanimité bloque tout. Tant qu’un nouveau traité ne sera pas voté, on restera dans cette situation, bloquée.

Alors certains pays sont prêt à renoncer au vote à l’unanimité mais à des conditions que certaines personnes jugent innacceptables et qui justifient selon eux un refus catégorique de ces traités, jugés trop libéraux. Conséquence : comme il est impossible de faire de nouvelles règles on reste avec des anciennes plus « libérales » que celles proposées (d’où la réflexion de Pierre Moscovici).

Oui, depuis 2005, l’Europe ne nous protège pas comme il faudrait, le pétrole, le pouvoir d’achat, tout ça… Mais je vous rappelle que les traités que certains décrient tant n’ont pas été acceptés par les peuples. Je reste persuadé que s’ils avaient été acceptés la situation aurait pu être différente. Par exemple, la TVA sur le pétrole, bloquée car il faut l’unanimité pour la baisser. Un vote à la majorité aurait peut-être pu débloquer cette situation ? Mais bien-sûr ce n’est que pure spéculation puisque les traités ont été refusés. Et les traités en vigueur sont bien anciens, bien antérieurs à ces problèmes de pouvoir d’achat et de pétrole cher, mais les peuples refusent de les changer donc statu quo.

Je suis contre le fait de faire un référendum sur un traité européen. Par définition, un tel traité est très compliqué (compromis des 27 membres, texte juridique, etc…). A moins d’avoir une licence en droit européen, comment peut-on avoir un avis sur un tel sujet. En partant du principe que notre démocratie est légitime (je le précise car certains semble la remettre en cause) les citoyens ont délégué à leurs élus (députés, président) leur pouvoir de décision (démocratie représentative). Ces élus sont choisis pour s’informer, se former et décider. A vouloir en faire un référendum, et comme le texte est incompréhensible au commun des citoyens, en faire ressortir les peurs est aisé. Donc naturellement, le « non » l’emporte. Je suis prêt à prendre le pari, qu’en France, en période de crise économique, un référendum sur n’importe quel traité européen, quel qu’il soit, se soldera par un refus.

Ceci s’explique aussi politiquement : les « nonnistes » étaient pour la plupart aux extrèmes : l’extrème gauche (LO, LCR, PCF) et les franges les plus à gauche du PS (fabius ou mélanchon), l’extrème droite (FN). (je ne parle pas ici dans anti-européens comme les souverrainiste de gauche (chevenement) ou de droite (le joli de villier)). Ces extrèmes ont une méthode, toujours la même, c’est aussi une technique de manipulation : je fais un diagnostique (que n’ose pas faire souvent les partis traditionnels, et ils ont tord, seul sarko a osé et il s’est fait élire), partagé par tous le monde, et juste derrière je donne mes propositions et mes préceptes semblant indiquer que c’est la seule réponse NATURELLE au problème. Souvent la plupart des citoyens reconnaissent les diagnostiques, mais heureusement ne les suivent pas dans ce qu’ils proposent (d’où leurs scores faibles aux élections malgré la sympathie pour leurs leaders comme besancenot par exemple). Mais quand il s’agit d’un traité européen, qui parait bien loin des préoccupations quotidiennes, voter comme le pen ou besancenot ne semble pas risqué, donc on se lache, et on y va. On appelle aussi ça un « message au gouvernement en place » ou on a aussi entendu que les citoyens ont voulu renverser la table.

Je reste persuadé qu’il faut essayer de faire évoluer l’Europe qu’on a, en acceptant les compromis avec les autres pays européens (car l’Europe n’est pas une France élargie je vous le rappelle, nos idées ou principes français ne sont pas partagés par tous les pays européens loin de là, ni même par les peuples européens, d’ailleurs est-ce que le « non » irlandais a quelque chose à voir avec le « non » français de 2005 ?) afin d’en faire une Europe à l’image des Européen et qu’elle puisse davantage nous protéger comme nous le souhaiterions.

Gwen Écrit par :