Ne pouvant me rendre à la réunion à l’Agora à Nanterre ce jour, voici en quelques lignes, l’état des lieux de ma réflexion sur la notion de démocratie.
Il existe à mon avis trois formes distinctes mais complémentaires de démocratie : sociale, représentative et participative. Sans doute en existe-t-il d’autres que je n’ai pas encore identifiées.
La première et la plus connue ou devrais-je dire communément reconnue et légitime est la démocratie représentative. Les citoyens votent pour désigner des représentants qui sont mandatés pour prendre les décisions à leur place. Ceci se fait à tous les niveaux de responsabilité (Europe par le parlement européen, nation, région, département, commune).
Ensuite il y a la démocratie sociale. Celle-ci met face à face des partenaires représentants des groupes de personnes aux intérêts convergeant pour discuter et négocier. Le but étant de trouver une situation gagnant-gagnant pour les deux parties. Il s’agit surtout des syndicats de salariés et d’employeurs afin de trouver des compromis pour que tout le monde s’y retrouve dans le monde du travail. Cette forme de démocratie existe en France, même si elle est souvent mise à mal par les gouvernements peu habitués à devoir discuter leurs décisions, le patronat pour qui discuter n’est pas une démarche naturelle, mais aussi par les syndicats de salariés qui sont la plupart du temps uniquement dans l’opposition systématique et refusent même la simple idée de compromis. Mais ceci est un autre sujet, qui n’est pas celui que je veux aborder ce soir.
Le troisième type de démocratie, complémentaire des deux précédentes, est la démocratie participative. Celle-ci est pratiquée directement par les citoyens. Mais il ne s’agit pas de démocratie directe. (la démocratie directe se substitue à la démocratie représentative puisque dans ce cas, ce n’est plus les représentants qui décident mais les citoyens directement, à l’image d’Athènes dans l’antiquité)
Cette démocratie participative doit permettre aux citoyens de critiquer, de suggérer, bref, d’influer sur la politique menée par leurs représentants.
Faire participer les citoyens à la vie politique est toujours très intéressant et nécessaire dans une démocratie. Les élus n’ont pas la science infuse, et les informations ou critiques des citoyens sont nécessaire à la bonne marche de ce système politique. Maintenant, la difficulté est de savoir où est la limite entre la démocratie participative et la démocratie représentative. L’une ne doit pas empiéter sur l’autre. Aujourd’hui la démocratie participative n’a pas de statut officiel, elle n’existe que sur le bon vouloir des élus.
Voilà donc où je peux donner mon avis, quelle doit être la limite selon moi ?
La démocratie représentative doit rester la référence. Les élus ont été choisis par les citoyens, qui les ont donc mandatés pour s’occuper des « choses publiques » en leur nom. La démocratie participative ne doit rester qu’un outil pour les élus pour effectuer au mieux leur mission. Ils doivent donc s’appuyer sur les critiques et suggestions des citoyens.
Sauf à vouloir changer le statut de cette démocratie participative (comme semblait vouloir le faire Ségolène Royal lors de la dernière présidentielle), les citoyens n’ont AUCUN pouvoir de décision ou de destitution.
Dans le cadre d’une municipalité par exemple, où on peut trouver des conseils de quartiers comme à Nanterre, ces conseils ne doivent rester QUE consultatifs, surtout quand on en voit la fréquentation : on y trouve toujours les mêmes (qui passent d’ailleurs de conseils de quartiers en conseils de quartiers), et finalement un tout petit nombre de personnes en comparaison de la population des quartiers concernés.
D’ailleurs on peut aussi se poser la question du pourquoi si peu de gens participent à ces conseils de quartier ? un petit sondage pas forcément représentatif m’a donné quelques pistes : « ça sert à rien », « je n’ai pas le temps », « ça ne m’intéresse pas ». On peut aussi considérer qu’à partir du moment où on a donné mandat à nos élus, ils sont apte à décider et qu’ils ont du temps (et une indemnité sensée compenser ce temps) pour réfléchir et prendre des bonnes décisions. Il serait donc anormal que quelques personnes (même motivées et avec de bonnes idées) élues par personne puissent prendre des décisions qui impliqueraient tout un quartier (soit plusieurs milliers d’habitants)
Donc la démocratie participative, oui mais consultative uniquement, seuls les élus peuvent décider.
D’ailleurs, participer à la vie citoyenne n’implique pas exclusivement la participation aux réunions organisées par la municipalité. Il y a la vie associative en particulier. Les associations doivent pouvoir servir de relais d’opinion mais aussi de groupes d’experts qui peuvent conseiller les élus. Et il y a aussi les initiatives citoyennes personnelles comme les blogs, sites internet, webradio ( www.nanterreradio.net), journal, réunion, etc… Tout est possible tant que le débat est ouvert !
Mais tout ceci implique une chose importante : la transparence. Pour pouvoir critiquer et conseiller, il faut être informé. Que les élus communiquent…
Bonjour Gwenaël
Cette analyse est juste et offre le mérite de ne pas tromper les citoyens. Mais on peut peut-être la complexifier.
Consulter les citoyens et bien leur indiquer qu’en tout état de cause, ce sont les élus désignés démocratiquement qui prennent la décision, oui.
Mais sur quoi faire porter la consultation ? Il me semble que tout le travail de démocratie participative doit porter, non pas sur des réponses déjà construites par le duo technico-politique, mais sur la mise à plat du ou des problèmes à traiter.
S’intéresser à : "de quoi parle-t-on quand on énonce le problème ?" c’est permettre d’engager des échanges posés d’emblée à égalité d’énonciation et donc d’écoute, parce que chacun apporte son savoir et peut le croiser – confronter aux autres savoirs pour construire une problématique.
C’est seulement après que les propositions de réponses peuvent être présentées, en provoquant des discussions de qualité parce qu’enrichies d’une (re)connaissance des différents acteurs sur la question à traiter.
Mais la culture des élus (et pas seulement ceux de Nanterre) est peu préparée à ce type de démarche : sentiment de devoir/savoir répondre à tout ? Voire volonté d’affirmer sa présence/puissance ? Toujours est-il qu’en apportant des réponses déjà avancées il est difficile d’espérer mobiliser les foules, sans compter le risque de désespérer les quelques uns qui font l’effort de venir dire les problèmes concrets qu’ils vivent et souvent leurs propositions pour les résorber.
Sur un autre plan, expérimenter un budget participatif en conseil de quartier, à condition de se mettre préalablement d’accord sur le cadre d’intervention, permet de faire percevoir la complexité du processus de construction d’une réponse collective. Engager la responsabilité de nos concitoyens sur des budgets référés à des actions de gestion de proximité, de fêtes de quartier ou d’animations pour vivre ensemble est aussi un acte de confiance à leur égard qui ne peut que faire progresser le sens du bien commun, même et surtout si, en final, c’est le conseil municipal qui vote favorablement des décisions.