Des réponses à « La gauche passe dès le premier tour à Nanterre »

Par ce billet je vais répondre aux commentaires qu’ont suscité mon billet précédent.

Je suis socialiste, membre du parti socialiste, mon objectif, mon souhait, ce que je veux, c’est faire progresser les idées socialistes, et en particulier les idées social-démocrates. Bien-sûr que je souhaite que le parti communiste, comme tous les partis alliés habituels du PS ne soient que des forces d’appoint au PS. Je souhaite que les idées socialistes soient les principales, la colonne vertébrale de tout programme. Comme je l’ai mis précédemment, si je suis au PS, ce n’est pas pour faire gagner un autre parti ! Et je pense que les autres partis pensent pareil !

Comme tu dis Orman, « continuer Nanterre » était l’ambition de la liste Jarry, et visiblement la majorité des électeurs ont trouvé ce programme attractif. Ceci ne me choque pas, globalement, la majorité passée a fait du bon boulot, les Nanterriens sont satisfaits de l’équipe municipale sortante. Le problème, c’est qu’ils ne savent pas que la municipalité en place ne fait pas un programme communiste mais bel et bien un programme socialiste. Ca ce voit dans le pragmatisme économique et dans les relations avec les grandes entreprises situées sur la défense. Comment un communiste peut-il accepter la présence d’une société capitaliste par excellence qu’est une compagnie d’assurance ? Cela rapporte de la taxe professionnelle certes, mais pour un parti qui refuse l’économie de marché, j’ai toujours trouvé ça incohérent. L’entreprise (vous savez cette organisation qui a pour objectif de gagner de l’argent sur le dos des travailleurs) n’est enfin plus tabou. On peut se dire que le PCF évolue et que ce n’est pas trop tôt. C’est vrai, sauf que dans l’idéologie, les principes de bases, eux n’évoluent pas. Le PCF, quand il est aux affaires, est pire que le PS, il fait une politique forcé par l’environnement économique, mais qu’il refuse d’admettre. (C’est d’ailleurs parce que le PCF se trouve sur les terres idéologiques du PS que l’extrème gauche a trouvé une place à la gauche du PCF).

Personnellement, je suis attaché aux convictions. Je n’ai confiance qu’aux politiques qui ont des convictions et qui les défendent. Je veux des socialistes qui font une politique socialiste qu’ils ont envie de défendre parce qu’ils y croient. Je ne veux pas d’un parti, qui a comme seul objectif de garder le pouvoir et qui applique une politique sans y croire, forcé par les circonstances. C’est aussi pour ça que les programmes du genre « dites moi ce que vous voulez, nous le ferons » ne me convient pas non plus. Faire de la politique, c’est défendre ce que l’on croit, c’est arriver devant les citoyens avec des propositions. Si les citoyens adhérent (par leur vote) on applique, s’ils n’adhèrent pas et bien tant pis ! c’est pas pour ça que l’idée est mauvaise, c’est juste qu’elle n’a pas plu à une majorité de citoyen. Ensuite bien-sûr, il faut gouverner, et ceci implique des compromis car on a rarement une majorité absolue à un seul parti.

Je reprends donc la dernière phrase de mon billet précédent en la complétant « Les idées sociales démocrates ne sont pas prêtes d’exister à Nanterre… » même si elles sont souvent déjà appliquées, comme dirait monsieur Jourdain, sans le savoir, ou comme dirait un célèbre cycliste, à l’insu de son plein gré.

Ce qui n’évolue pas non plus, et c’est le principal problème qui a incité le PS de Nanterre à vouloir partir seul, c’est les méthodes de gouvernance (je vous incite pour cela à relire de l’intervention de Marie-Laure Meyer lors de sa démission du poste de maire adjoint en juin dernier). Et tant que le PCF de Nanterre fera des scores pareils aux élections locales, ça ne risque pas de changer.

Il reste encore quelques domaines où le parti communiste est en retard, où il refuse d’évoluer, c’est sur la sécurité par exemple (et la fameuse police municipale). Le PS va devoir batailler ferme pour arriver à faire passer cette idée ou même simplement à faire passer l’idée qu’il faut ouvrir le débat. Voilà un défi qui est intéressant.

Gwen Écrit par :

3 Comments

  1. Gérard
    15 mars 2008

    je ne partage pas ton analyse :
    1 – si tu considères que les alliés objectifs du PS ne doivent être que des forces d’appoint, je me pose la question du devenir de ces mêmes partis, le vote utile entrainera la disparition de facto de ces mêmes parti (mais après tout tu souhaites que nous devenions une démocratie à l’américaine avec 2 partis un seul programme)
    2 – le communisme est une idée pas un programme électoral pour une municipalité; dire que les communistes sont contre l’entreprise c’est avoir mal compris Marx et être resté dans l’idéologie des années 50; les communistes dénoncent la dérive financière de l’économie et ses conséquences (par exemple fixé un taux de rentabilité d’une entreprise sinon les investisseurs ferment celle ci; produire de l’argent sans produire de biens -cf la bourse)
    3 – pour l’étude de l’extrême gauche, je te renvoi à un excellent livre d’Engels (le gauchisme la maladie infantile du communiste); je te fais remarquer qu’il évolue aussi , leur position jusqu’au boutisme et le refus d’accéder au pouvoir les amènent dans des contradictions fortes (par exemple lors de l’approbation de la taxe Tobin au parlement européen, les députes de l’extrême gauche ont voté contre, ce qui fait qu’elle n’est pas passée)
    4- pour la police municipale, le débat est lancée depuis longtemps, et c’est deux visions de la société en terme de police qui s’oppose, même si les deux partis partent d’un même constat
    5- je crois que c’est un mauvais positionnement de penser que seule le PS évolue et que le PC est arche bouté sur un dogmatisme qui le rendrait immobile
    6 – quant aux méthodes de gouvernance, pour l’instant je ne vois pas de cas précis mais seulement un discours généraliste.
    6 – je ne vois pas de commentaire sur le maintien des candidats socialistes en Seine St Denis alors qu’ils sont arrivés en seconde position au risque de faire perdre des municipalités de gauche et ceci avec la bénédiction de la direction du PS. Est ce cela la gouvernance du PS ? je n’ai entendu que 2 dirigeants du PS ne pas être d’accord avec les positions de C Bartelonne, mais pas de désapprobation du premier secrétaire.

  2. marc
    19 mars 2008

    En l’occurrence, il me semble que l’appréciation de la "sincérité" d’une gestion locale social-démocrate ou d’une gestion locale "communiste" dans un pays institutionnellement formaté à l’économie capitaliste de plus en plus "libérale" ne devrait pas vraiment différer, ou alors au détriment de la première.

    La finalité d’une gestion "communiste" dans ces circonstances devrait selon moi être la suivante : créer les conditions d’une révolution anti-capitaliste démocratique en France. Ses conditions sont de garantir et favoriser les moyens d’émancipation politique, sociale et économique du prolétariat. Ca passe par la minimisation autant que possible des impacts de la précarisation qui sont aliénants et par l’accès à la culture, à la formation, aux conditions de l’autonomie.

    Les finalités d’une gestion locale social-démocrate me semblent plus abscons. La social-démocratie, si j’ai bien compris, repose sur une approche consensuelle, quasi-contractuelle, de la redistribution des richesses (notamment créées dans le cadre d’une économie capitaliste) au sein d’une communauté, nationale par exemple. C’est une idéologie qui a eu son heure de gloire dans les pays scandinaves, sociétés relativement "égalitaires", mais qui s’est toujours heurtée à l’inégalitarisme forcené de la société bourgeoise française. Donc quelle est la finalité d’une gestion locale social-démocrate ? Convaincre la bourgeoisie locale du bien-fondé des services publics ? L’amener à accepter et à s’inscrire dans la mixité sociale ?
    C’est une véritable entreprise de "rééducation" politique en fait ! Et je n’ai jamais vu que ça marche ! La bourgeoisie reste toujours ancrée dans la lutte des classes, elle refuse toujours de mettre ses enfants dans les mêmes écoles que les enfants de "pauvres" (voyez les bobos néo-montreuillais qui ont fait élire Voynet), elle refuse toujours de payer pour les "pauvres" (qui sont forcément "fainéants"), elle considère toujours que le logement social à proximité dévalorise son patrimoine immobilier, etc…

    A mon avis, la gestion locale social-démocrate est profondément utopique. C’est peut-être pour ça qu’elle vous séduit…

  3. Orman
    27 mars 2008

    Aaah… Merci, Marc ! Comme ça fait du bien, de temps en temps, de revisionner un extrait de "Jurassic Park" ! Franchement, voilà un discours qu’on n’ose plus tenir nulle part, même place du Colonel-Fabien ! "Rééduquer la bourgeoisie pour la convaincre du bien-fondé des services publics", "L’amener à accepter la mixité sociale", et si on n’y arrive pas… Quoi, au fait ? La déportation en masse ou l’extermination façon Pol Pot ? Franchement, votre prose est délicieusement rafraîchissante. On dirait du Yves Montand des années 60.

    Plus sérieusement, à votre avis, qui est le véritable adversaire de la mixité sociale ? Une "bourgeoisie" qui refuserait le voisinage du logement social pour préserver son patrimoine immobilier, ou une municipalité prétendument de gauche qui ne sait qu’accumuler la misère sur la misère à fins électoralistes, sans se préoccuper de la qualité de vie des malheureux qu’elle fait venir ? Pour votre gouverne, il y a rue Salvador Allende une alternance de HLM et de résidences privées, et je n’ai jamais entendu un seul propriétaire desdites résidences s’en plaindre. Par contre, allez faire un tour du côté du Parc-Sud, vers les tours Aillaud, et dites-moi ensuite si la municipalité a le droit d’ête fière de ce qu’elle y a fait. Oui, je sais, vous allez me dire que la mairie n’y est pour rien, que c’est la faute du département, de la région, de la météo, de la comète de Halley…

    A ma connaissance, cette "social-démocratie utopique" est la seule qui ait jamais amélioré concrètement la qualité de vie des hommes. Le système qui semble vous séduire, vous, n’a jamais produit dans le réel que des massacres et de la dictature. Pour citer vos propres formules, "Je n’ai jamais vu que ça marche". A tout prendre, il vaut mieux pour tout le monde que ce beau système reste la rêverie de quelques archéo-staliniens plus ou moins inoffensifs… tant qu’il ne se mêlent pas de participer aux activités des grandes personnes.

    Au plaisir de vous lire ; je suis sûr que nous allons encore bien rire…

Les commentaires sont fermés.